Avertissement. – La présente édition sur Internet des Maximes sur la Guerre de René Quinton a été établie d'après celle de Bernard Grasset, collection Les Cahiers verts, Paris, 1930, et en reproduit la pagination.

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19 janvier 1918.

      Le chef d'escadron Quinton (1)
commandant le 5e groupe du 118e Régiment d'Artillerie lourde,

 
à M. …

      « En novembre et décembre dernier, j'ai travaillé à jeter les bases de ce qui pourrait constituer une petite brochure sur la guerre. Peut-être, en 300 ou 400 maximes, pourrait-on dire sur ce sujet cinq ou six nouveautés. J'y fais la théorie que vous connaissez, à savoir que la guerre est un chapitre de l'amour, l'état naturel des mâles. J'en ai tiré beaucoup de choses. Il est certain toutefois que la théorie ne rend pas compte de tout. L'état social des hommes les a modifiés et il y a chez le combattant autre chose qu'un mâle qui lutte (2). J'aurai donc une série de maximes traitant des cas concrets. Ce que j'ai


1. Pour les états de service de guerre du lieutenant-colonel, chef d'escadron, René Quinton, voir l'Appendice à la fin du volume.
2. Souligné par les auteurs de la Notice.

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de plus curieux à dire n'est pas ébauché. La raison en est que ce qu'il y a de plus profond a la guerre touchant le danger, le courage, l'inaccept, la révolte, le sacrifice, etc., est difficilement traduisible. On n'a rien écrit sur l'instinct maternel. Si je disposais de quelques moments, je pourrais peut-être traiter de l'instinct guerrier. La solitude pour la réflexion fait malheureusement défaut à la guerre. C'est la seule chose dont on souffre. La vie en commun, excellente pour le combat et la camaraderie, est désastreuse pour l'exercice de l'intelligence. Il est impossible de s'abstraire. »
      Adressée le 19 janvier 1918 à l'un des rédacteurs de cette notice, la lettre dont ces lignes sont détachées permet de fixer au mois de novembre 1917 la genèse, dans l'esprit de leur auteur, des
Maximes sur la Guerre. Elles sont nées parmi les combats, ont germé dans le sol des champs de bataille. Elles ont continué d'y mûrir jusqu'à la dernière minute de la guerre.
      Capitaine d'artillerie de réserve au début de la campagne, promu bientôt chef d'escadron d'artillerie lourde et n'ayant cessé de combattre en première ligne durant ces quatre années et demie, René Quinton était certes, à l'époque où il conçut l'idée de ses
Maximes, pourvu avec surabondance de cette expérience de la guerre qui devait lui permettre de tirer de circonstances et d'événements concrets, la substance de ses pensées. Mais

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la même lettre nous renseigne aussi sur la relation que l'esprit du biologiste avait nouée dès lors entre cette manifestation extrême des passions et des intérêts humains qu'est la guerre et les raisons d'être profondes qu'il en avait découvertes dans la biologie. La guerre, chapitre de l'amour, état naturel des mâles, ce thème qui tient une place prépondérante dans le développement des Maximes, René Quinton, dans une lettre adressée deux ans et demi plus tard (1er juin 1920) au même correspondant, en précisait les origines. « Dans mon travail de 1909 sur la morale, biologique, j'étais arrivé, rappelait-il, à la conception de trois instincts : instincts de conservation, de reproduction et de moralité. Vous savez à quoi tendent les deux premiers. Le dernier tend plus haut que l'espèce ; c'est lui, en quelque sorte, qui détermine l'évolution et qui fait que l'individu se sacrifie pour l'espèce supérieure », et, confirmant les réserves de la lettre précédente, « je crois, ajoutait-il, qu'en dehors de l'instinct animal de lutte, il y a un instinct social qui joue à la guerre (1). »
      Il a paru nécessaire, pour mettre au point la pensée de Quinton, devant une réalité aussi pathétique que celle de la guerre, de signaler la restriction qu'il a apportée à son point de vue théorique. Il était indispensable d'en faire état. N'en pas tenir

1. Souligné par les auteurs de la Notice.

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compte eût été trahir la pensée de l'auteur des Maximes sur la Guerre, en masquant, pour n'en laisser voir que la rigueur, sa valeur et sa prudence critiques.
      Ceux qui ont assumé la charge de présenter les
Maximes sur la Guerre se sont trouvés en présence d'une œuvre à laquelle l'auteur lui-même, avant sa fin prématurée, n'a pas eu le temps de mettre la dernière main, en ce qui a trait du moins à la sélection et à l'ordre des pensées. Ce travail de choix et de classification, il l'avait commencé lui-même à Grasse, au mois de novembre 1924. Puis il l'avait interrompu, requis par d'autres inquiétudes suscitées par l'activité multiple de sa pensée, les unes d'ordre scientifique, telles que la détermination du lieu d'origine de l'homme, les autres, de l'ordre immédiat des applications pratiques, ainsi des développements et des perfectionnements à apporter à l'aviation, dont le souci fut toujours l'un des stimulants les plus vifs de son intelligence. Une mort brusque, que ne laissaient prévoir ni son âge, ni les apparences d'une santé remarquablement robuste, le surprit au milieu de ces travaux, le 9 juillet 1925, avant qu'il eût pu reprendre et achever l'ordonnance du livre.
      Il a donc semblé qu'il convenait d'établir une distinction. entre la part de l'œuvre entièrement mise au point par l'auteur lui-même, et le reste de l'ouvrage. D'où la première partie du livre, intitulée :
Maximes sur la Guerre. On peut supposer,

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qu'achevant lui-même la classification des « Maximes », Quinton eût intercalé, parmi celles qui étaient ordonnées dans le premier travail, celles qui, parmi les autres, avaient trait à de mêmes objets. Il ne nous a pas paru qu'il nous appartînt de nous substituer à cette initiative, et ce scrupule a donné naissance à l'établissement de la deuxième partie du livre sous le titre : Supplément aux Maximes sur la guerre.
      En tête de cette seconde partie figurent sous le titre
Thèse des Maximes, leur Base biologique, des pages trouvées parmi les manuscrits de l'auteur, et que celui-ci destinait vraisemblablement à tenir lieu de préface à l'ouvrage.
      Enfin, parmi les Maximes laissées, un choix a été fait entre celles qui ont paru être des Maximes principales, et comme les clefs de voûte de ces pensées, et celles qui, se rapportant aux premières, constituaient, soit des variantes propres à renseigner sur le jeu même de la pensée de l'auteur, soit des éclaircissements de nature à préciser le sens de la maxime principale. Les premières forment le corps du texte de la seconde partie. Elles y ont été inscrites, en ce qui touche aux objets dont elles traitent, dans l'ordre adopté au cours de la première partie. Les secondes figurent à l'état de notes en bas des pages, tant dans la première que dans la seconde partie.
      Faut-il noter que les indications précédentes relatives à la distribution du livre, n'ont trait qu'à

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un souci de précision quant aux circonstances de sa publication ? Ce serait les interpréter à contre-sens que de se fonder sur elles pour attribuer une valeur moindre aux Maximes de la seconde partie. Prévention d'ailleurs que la lecture ne manquerait pas de dissiper bien vite. S'il a paru d'une méthode rigoureuse de présenter, sous un titre distinct, les Maximes qui portent l'estampille du choix décidé par l'auteur, il ne faut pas oublier que seule l'intervention du destin a empêché que les autres, d'une égale beauté et d'une origine identique, aient pu recevoir la même consécration.
      Sous le titre :
Pensées et réflexions diverses, la troisième partie comprend, avec quelques textes ayant la densité des Maximes, des pages d'un développement plus étendu, qui, extérieures à l'œuvre purement scientifique de Quinton, avaient leur place marquée, mieux qu'en aucun des ouvrages à publier par la suite, en ce livre de pensée plus générale.

— Fin de la Notice. —


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