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1. La vie facile reste en marge de l'essentiel. La noblesse d'un sexe est de garder l'ordre sacré de porter ; la noblesse de l'autre, l'ordre sacré de mourir. |
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1. Vivre et reproduire ne sont que secondaires. La fin est de servir. La nature ne donne de hautes satisfactions qu'à celui qui la sert. L'homme l'ignore, mais sa conscience est là qui le lui fait sentir constamment. |
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1. La guerre et la maternité sont les écoles de l'altruisme. 2. Il n'est pas de héros qui ne sente avoir pu donner davantage. |
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1. Les hommes détournent la nature de ses fins ; de même qu'ils font d'arbres nouveaux des arbres fruitiers, ils font de leur corps au service de l'espèce, un corps au service des voluptés. |
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1. Les instincts de vivre et de reproduire relèvent du corps. L'instinct de servir relève de l'âme. C'est pourquoi les religions interdisent la luxure. La luxure y est un péché, parce qu'elle relève de l'âme du corps. Les religions sont la voix de l'âme de l'espèce. Elles imposent le dévouement, l'abnégation, le sacrifice de soi à autrui, tout ce que commande l'instinct de servir. |
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1. La nature crée l'animal serviteur de son égoïsme, sauf dans la maternité et dans la lutte, où il est le serviteur de l'espèce. 2. Le corps n'a que des fins égoïstes. La nature veut le bonheur de la race. L'héroïsme est dans l'obéissance aux fins de la nature. |
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1. Le héros est une âme qui fait fi de son corps. |
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1. La mort est l'emprunt fait sur l'être pour la race. |
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1. L'animal lui-même hésite devant le devoir. Tous les mâles n'acceptent point le combat. L'instinct de vivre domine parfois l'instinct de servir. Mais qui ne sert point sait qu'il trahit, et tout mâle qui se dérobe sue la honte. |
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1. Le service ne permet pas la jouissance ; il ne donne que la béatitude. |
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1. L'homme est le seul animal n'habitant pas le milieu pour lequel il est né. Le climat lui impose des actes que son instinct ne lui commande pas. |
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1. Quand je tue, j'épure l'espèce. Je pourrais avoir du regret de la gazelle que j'abats pour l'engloutir ; la gazelle est innocente. Mais quand je tue mon semblable, c'est un criminel que je supprime. Il ne se reproduira pas. En le tuant, j'ai épuré l'espéce. |
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1. Il n'est point de propriété en dehors d'un effort constant. 2. Dans le droit des gens, avoir possédé donne titre de possession. C'est par l'honneur du droit des bêtes que m'appartient ce que je tiens dans la gueule, et que mon or ou ma femme ne sont à moi qu'autant que je lutte chaque jour pour les conserver. Il en est ainsi des frontières entre les peuples. |
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1. L'amour accapare moins que le combat. Tout s'oublie au combat. 2. Rien ne compte au monde parmi les grands combats. Chaque homme se sent le premier de la terre. |
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1. En dehors de moi, tout n'est que vice, sottise, folie. Je suis sans prétention ; je ne m'abuse point ; j'ai l'esprit juste. Que meure l'univers en dehors de moi ! Dieu n'a créé que moi à son image. Dieu ne tient qu'à moi. Dieu n'est qu'avec moi. Tu me ressembleras ou tu mourras. |
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1. Il n'est de soldats que de justes causes. L'adversaire est le criminel. |
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1. Le besoin de combattre et le goût de combattre sont à la racine de l'être. |
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1. Sur les champs de bataille, les blessés semblent les maladroits. Les blessés ni les morts n'impressionnent les braves. Les blessés sont les maladroits |
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1. Un trait d'héroïsme ne fait pas le héros. L'héroïsme est un état de tempérament. |
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1. Il entre de la curiosité dans la bravoure. On veut être des grandes actions par devoir, mais aussi par coriosité. |
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1. Un dieu habite le héros, mais il est aussi faible que le plus faible des hommes. Il vit dans le miracle jusqu'à ce que son étoile s'éteigne. |
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1. De même qu'il y a les libertins de l'amour, il y a les libertins du risque. |
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1. Il y a un Prométhée chez tout héros. 2. Les héros ont le goût du martyre. |
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1. La pensée de sa mission habite constamment le héros. 2. L'abandon du poste vers l'avant est un faible du héros. |
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1. En dehors de la vie héroïque, tout est trépas pour l'espèce. |
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1. La conduite n'est pas simple dans la vie sociale. L'homme y est écartelé entre les devoirs. Le sentiment paternel n'est pas instinctif au cur des mâles. Le mariage, la paternité, la prévoyance sont une écorce poussée au cur de l'arbre. La vie sociale est artificielle, la guerre en délivre. |
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1. Un des bonheurs de la guerre, c'est qu'elle rend l'homme à la vie primitive. Il devient maître du sol. 2. Le cloître est moins artificiel que la vie sociale. Il rend l'homme à l'état primitif. |
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1. La volupté de vivre, inconnue des hommes qui n'ont pas combattu, s'empare du corps tout entier. 2. Comment recevrais-je, dans la vie sociale, le duc de La Rochefoucauld sans le décorum ? À la guerre, il me mépriserait si je lui offrais un couvert d'argent. Il n'est plus de valeur que de la vertu, et c'est à la somme de souffrances que j'endure gaiement, qu'il me mesure son estime. |
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1. L'âme s'élève aux premières lignes. Leur atmosphère : le silence et le recueillement des cathédrales. 2. Le contact de l'ennemi rend l'âme militaire. Elle y puise une ardeur qu'elle perd ailleurs. |
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1. La guerre détache et crée l'état de grâce. Elle desserre et rompt tous les liens ; elle apporte un grand détachement. |
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1. Tous les progrès humains viennent de la mort. 2. Les morts sont les avocats de la Patrie. |
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1. Imaginez une armée où tous les officiers sont des braves, et où ils savent que tous sont des braves. Un bataillon commandé par Bayard, l'autre par Du Guesclin, un troisième par d'Assas. Tous se disent : « On tiendra à côté de moi, mon effort ne sera pas vain. » |
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1. Autant les liens sont puissants au combat, autant ils se desserrent. |
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1. Au milieu des sacrifices, des hommes tombés, des balles qui sifflent, des obus qui explosent, le chef qui peut passer recueille des regards comme aucune reine du monde n'en a connus. 2. L'absence de sanction rend l'homme vain dans l'existence ordinaire. À la guerre, la sanction n'attend pas toujours la faute. |
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1. Qui vit de l'âme n'est jamais vain. Il faut rêver pour être vain. Qui se situe dans l'univers n'est jamais vain. Il ne faut point connaître les puissances du monde pour être vain. Qui s'efforce n'est jamais vain. |
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1. Il n'y a pas d'homme vain dans les tempêtes. |
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1. Nous tenons peu de place dans le monde ; il y en a tant à côté. 2. On n'entendra jamais calomnier un homme à la guerre. |
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1. L'audace des chefs fait l'ivresse des troupes. Elle est un bienfait ; elle rapporte en coûtant peu. Le courage du chef assure de l'impunité de la troupe. |
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1. Avec du moral et des munitions, on tient sans effectifs. 2. Dans les grands dangers, l'audace est prudence ; il faut faire vite. |
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1. Ce qui choque le plus dans l'absence de courage, c'est qu'elle est illégitime et qu'elle résulte d'une fausse conception. |
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1. C'est la volupté du risque qui fait supporter aux hommes la vie de martyre des tranchées. 2. La sécurité est la punition des braves. Punir les héros : leur interdire de s'exposer. |
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1. Les hommes qui méprisent la mort vendent cher leur vie. Ce sont des animaux de combat. 2. Pour les missions risquées, les chefs choisissent les meilleurs. La nature procède comme les chefs. Les héros sont les mâles élus pour servir et mourir. 3. L'ordre de la nature est de risquer. Qui crée ne peut créer que par le risque. |
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1. Il n'y a passion qu'où il y a risque. 2. Il n'est plus que pourriture où il n'y a plus risque. La noblesse est de tirer sa richesse de l'effort et ses voluptés, de la douleur. |
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1. La volupté du risque fait la passion des jeux. |
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1. Les plus grandes choses paraissent ternes auprès du danger. |
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1. L'homme maître de soi parle dans le danger et se tait après. 2. Les hommes sont transparents à la guerre. 3. Le danger est l'élément naturel de l'homme. L'homme ne compte que dans le danger ; la femme, dans la maternité. |
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1. Le chef est l'homme qui forme des hommes à sa ressemblance. C'est pourquoi, dans une troupe bien commandée, il n'y a plus discipline, mais harmonie. Le chef de famille est l'homme qui malaxe ses enfants et les com- |
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mande du fait qu'ils n'ont plus pour âme que l'âme du père. Une belle troupe, une belle famille sont celles où il n'y a plus de critiques, où il n'y a que des certitudes. La discipline est l'assujettissement de la chair. |
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1. Les hommes lâches ne sont que plaints. Les chefs lâches sont méprisés, parce qu'ils doivent l'exemple des vertus qu'ils exigent. 2. Le chef court en réflexe où ses hommes souffrent. Un chef qui laisse écraser sa troupe sans la soutenir de sa présence est vide d'amour et d'honneur. Il n'obtiendra jamais de ses hommes qu'un minimum. Il doit être rayé de l'avancement. |
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1. Les grandes décisions : les décisions promptes. 2. Dans les revers, le commandement trompe les subalternes de peur de les emouvoir. De faux renseignements |
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ne sont jamais sans conséquences. Si les chefs faisaient de l'avancement au courage, ils pourraient tout dire à leurs subordonnés. Qu'après quatre ans de guerre où l'avancement a joué, le commandement se méfie de ses subordonnés, cela juge le principe de l'avancement. 1. On ne fait pas de chirurgie à distance. |
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1. Les règlements militaires parviennent à façonner l'homme. Les troupes d'élite : celles où le règlement est imposé par des méthodes, d'une part inflexibles et qui s'appuient d'autre part, en les prenant comme alliés, sur l'orgueil, la vanité. |
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1. Un chef doit parler à l'ennemi, lui envoyer des ordres clairs et les faire exécuter. |
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1. Tout tir qui se prolonge sur un point ne tue plus. Le tir à tuer n'a point fait partie de la conception des artilleries françaises pendant la guerre. |
Pensées et Réflexions diverses | Table des matières |